lundi 28 mars 2011

New York

J'ai dans la tête un paysage,
dessiné flou dans les nuages,
peut-être un peu comme un visage...

J'ai dans le coeur une image.

samedi 19 mars 2011

Prendre la route


Quand j'étais petite, j'ai plusieurs fait mon balluchon pour partir.
Je mettais dans une sacoche en jean que je m'étais faite: un sandwich à la confiture, un carnet et un crayon, mon canif, mes objets les plus précieux enfermés dans une petite boîte en plastique, et le livre que je lisais à ce moment précis. Je crois que je n'ai jamais songé à prendre un vêtement de rechange ou à boire.
Une fois équipée, je montais bien haut mon col d'anorak, j'enfilais mes bottes ou mes pataugas, et je partais d'un pas décidé à l'aventure. Je ne disais pas au revoir, je ne prévenais personne, je partais sans me retourner. On ne me reverrait pas de sitôt, et ce serait bien fait pour eux ! Je pouvais vivre sans eux, et ils en seraient les plus malheureux, c'était certain !

Je montais vers le haut du pays à travers champs, cueillais des noisettes ou des carottes sauvages au passage, saluais les vaches que je ne verrais bientôt plus, et je filais vers ma liberté. Sur le plateau, derrière la maison, des champs immenses s'étendaient, labourés, semés, poussés, selon la saison de ma fugue. Je longeais les bordures et partais vers l'horizon le plus dégagé, loin là-bas.

Et puis après quelque temps, les limites de mon territoire connu s'estompaient et laissaient place à des champs et des reliefs dont j'ignorais tout, des zones de bois que je n'osais traverser, ne sachant ce qui s'y cachait. Le jour commençait à décliner, mon pas se ralentissait peu à peu, je flânais plus que je n'avançais, et invariablement, j'entamais une grande courbe qui finissait par me ramener vers le village.
Revenue aux abords des fermes, fatiguée par ma longue marche, je mangeais mon sandwich, s'il n'avait pas déjà été englouti dès le premier quart d'heure, et puis je rentrais à la maison. Je laissais mes chaussures crottées au sous-sol, et je montais, secrètement penaude d'être de retour, un peu inquiète de ce qu'on me dirait en me voyant rentrer, et finalement vexée que personne n'ait remarqué ma longue absence.

Une si longue absence. Un après-midi d'enfant.
Une vie entière quand on a 9 ans.

mardi 8 mars 2011

Vie de chien

Qui voudrait être un ridicule chihuahua tremblotant, un vascillant whippet dans le froid de l'hiver ou une touffe de poils cotonneux, affublé d'un manteau à carreaux?

Sur la nappe à carreaux de la cuisine, une truffe chocolat qui chipe des friandises pendant que le feu crépite dans la cheminée, ça, ça aurait de la gueule !
Arriver fièrement avec un lièvre dans ladite gueule, queue dressée, regard brillant, attendant le respect et les félicitations de l'humain aux bottes en caoutchouc vert.
La terre odorante collée aux pattes, se faire chasser de la maison par des cris, des rires et des mouvements de torchons frénétiques.
Humer la pluie qui vient dans le vent du matin, courir après les pommes de pin qui roulent, fourrager les champignons sous les souches vermoulues, croquer les escargots imprudents sous les pisssenlits, se glisser sous les haies pour dénicher les terriers, se ficher des bardanes accrochées plein partout !
Quelle belle vie que ce serait !

Mais dans la ville, ça rigole pas. Pas de haies, pas de terre, juste de la puanteur d'humains et de la mauvaise humeur.
Heureusement qu'il en est, pour leur offrir un bar...


jeudi 3 mars 2011

Rivage


Vivante et morte. Endormie, abandonnée, échouée.
Reposant pour une nuit, pour une vie. Pour l'envie.
En attente, recueillie, sur elle-même, dans l'oubli.
Immobile et sereine, intérieure, laisser passer le bruit.

Et quand ce sera fini, il ne restera qu'elle.

mercredi 2 mars 2011

Dernière demeure



Elle n'aimait pas les tombeaux. Elle ne les avaient jamais aimés. Certains les trouvaient beaux, romantiques, ou gothiques. Prétextes à des fêtes étranges dans les allées délabrées du vieux cimetière. On y allumait des bougies, de l'encens, on y évoquait les esprits, les fantômes et ça se terminait par des cris et une fuite éperdue quand la peur se faisait trop oppressante. Des soirées d'étudiants stupides et avinés.
Elle n'y allait jamais.

Plus jeune, elle voyait sous la terre, sous les pierres, elle voyait les corps, les gisants, les âmes, et elle avait peur. Trop de monde qui la regardait, qui semblait lui demander quelque chose qu'elle ne saisissait pas. Trop de questions.
Ses yeux s'étaient fermés depuis, elle n'avait plus ses visions étouffantes, mais l'essentiel demeurait. Elle savait qu'ils étaient là. Et elle n'aimait pas les savoir sous terre. Elle n'aimait pas ce qui s'y passait. Car elle avait vu.

Mars, mois de la guerre?


Thématique de Mars,
lancée par Poetic Girl:


Une image, photo ou dessin, accompagnée d'un texte, court ou non. 2 à 3 fois par semaine, ou plus si affinités !

à suivre...