
Si l'on se penche et qu'on regarde attentivement, sous les feuilles et derrière le doux murmure de cette eau bruissante, tout à côté des cailloux polis, on distingue des petites traces de pas. Rien de flagrant et d'évident, mais leur régularité ne permet aucun doute. Ni traces de pattes, ni traces de bave. Il s'agit bel et bien de petits pieds, minuscules et légers, qui sont passés par là.
On peut envisager qu'avant de disparaître dans les feuillages humides, la créature s'est penchée sur la source, ou bien venait-elle juste de la traverser? S'agissait-il d'une baignade à l'aube, ou du remplissage de cosses de glands, soigneusement évidées pour servir de bassines?
Les traces n'en disent pas tant.
Je voudrais pouvoir les suivre - si j'avais la potion qui rend tout petit-petit - et rejoindre le sentier, loin sous la futaie de ronces, à l'abri de toute intrusion humaine.
Ah oui, bien sûr, ce serait moi, l'intruse humaine, mais si la vie le souhaitait, elle me ferait croiser la route d'un furet affamé, et couic, il ne ferait qu'une bouchée de cette petite personne partie fureter là où elle ne devait pas!